ArcelorMittal déploie une stratégie d'investissement de 500 millions d'euros dans l'acier électrique à Mardyck
Dans un contexte de débat parlementaire sur la nationalisation de ses actifs français, ArcelorMittal a présenté mardi son nouveau dispositif industriel dédié à la production d'aciers électriques dans le Nord. Cette initiative s'inscrit dans une démarche de modernisation de l'appareil productif national et d'adaptation aux enjeux de la transition énergétique.
Un investissement stratégique de 500 millions d'euros
L'unité de production implantée à Mardyck, près de Dunkerque, constitue le plus important investissement du groupe en Europe depuis dix ans. Initialement évalué à 300 millions d'euros en 2022, le montant total a été réévalué à 500 millions d'euros en raison de la complexité technique liée à la réutilisation des infrastructures industrielles existantes.
Trois lignes de production, actuellement en phase de mise au point, devraient être opérationnelles d'ici la fin de l'année. La capacité de production visée s'élève à plus de 150 000 tonnes d'acier enrichi au silicium, matériau aux propriétés magnétiques spécifiques destiné aux secteurs de la mobilité électrique, de l'éolien et du transport ferroviaire.
Réponse aux orientations européennes de transition énergétique
Selon Hugues Baudin, responsable du projet aciers électriques, cette initiative répond directement aux impulsions données par les politiques publiques européennes, notamment l'interdiction de commercialisation des véhicules thermiques à l'horizon 2035. L'investissement s'inscrit également dans la dynamique de basculement des énergies fossiles vers l'électricité dans de multiples secteurs économiques.
Cette orientation stratégique devrait générer 200 emplois supplémentaires sur le site de Mardyck, qui compte actuellement 450 salariés. Deux lignes de production additionnelles sont programmées pour mi-2027, consolidant ainsi l'ancrage territorial de cette activité industrielle.
Enjeux de politique industrielle nationale
Pour ArcelorMittal, cet investissement démontre son engagement dans la modernisation de l'outil productif français et sa contribution à la préparation de l'avenir de la sidérurgie nationale. Cette démarche intervient dans un contexte où l'Assemblée nationale a adopté fin novembre une proposition de loi visant à nationaliser les actifs français du groupe.
Le gouvernement, par la voix du ministre de l'Économie Roland Lescure, a exprimé son opposition à cette mesure, la qualifiant de "réponse populiste à un problème structurel". L'avenir du texte demeure incertain compte tenu de sa réception probable au Sénat.
Défis structurels du secteur sidérurgique européen
Le secteur sidérurgique européen fait face à des défis considérables, notamment la concurrence asiatique et la baisse de la demande traditionnelle portée par l'automobile et le bâtiment. Malgré les mesures de soutien annoncées par Bruxelles en octobre pour renforcer la compétitivité de la sidérurgie européenne, ArcelorMittal n'a pas encore confirmé son projet de décarbonation des hauts-fourneaux de Dunkerque.
L'entreprise a par ailleurs annoncé en avril la suppression de 600 postes en France, chiffre désormais ramené à 260 emplois suite à des mesures de réorganisation et de reclassement anticipées.